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Les femmes dans l’industrie automobile : qu’en est-il aujourd’hui?

Depuis plusieurs années, les femmes sont de plus en plus présentes dans l’industrie automobile. De l’atelier mécanique aux postes de direction, en passant par le service des ventes et des ressources humaines, elles ont assurément taillé leur place dans un secteur majoritairement masculin. Cela dit, dans une industrie qui constitue la 2e plus grande force économique du Québec et qui représente plus de 45 000 emplois directs dans la province, les femmes représentent seulement 18 % de la main-d’œuvre.

Celles-ci ont pourtant énormément à offrir à l’industrie grâce à leurs connaissances, à leur approche, et à leur leadership. Afin d’en apprendre plus, de connaître le quotidien et la réalité des travailleuses du secteur automobile, nous avons récemment réalisé un sondage auprès de nos membres.

Dresser un portrait actuel de ces femmes est une mission qui nous tient à cœur en tant que représentants de l’industrie, dans notre désir de contribuer au développement de programmes qui favorisent le recrutement, l’avancement, le bien-être et la rétention de la main-d’œuvre féminine, ainsi qu’à la promotion des métiers de l’automobile de façon plus représentative.

Au total, une soixantaine de personnes ont répondu à l’appel. Si l’échantillonnage semble assez modeste comparé aux nombres d’employés qui travaillent dans l’industrie, les réponses, elles, sont riches et éloquentes.

À PROPOS DES CONDITIONS DE TRAVAIL

Plus de 75 % des personnes sondées affirment avoir de bonnes conditions de travail, adaptées aux femmes, au sein de leur entreprise : des gestionnaires à l’écoute des besoins, un environnement accueillant, respectueux et égalitaire, l’existence de politiques contre le harcèlement et la discrimination, une belle flexibilité d’horaire axé sur la conciliation travail-vie personnelle.

Toutefois, le plus grand défi soulevé par les autres répondants concerne justement la conciliation travail-vie personnelle. Les horaires de travail, notamment le soir et la fin de semaine, peuvent être un enjeu important pour ceux et celles qui ont des responsabilités familiales. Dans un milieu qui a longtemps été l’apanage des hommes, les mentalités « vieux jeu », face à  à la conciliation travail-vie personnelle et aux congés parentaux, par exemple, ont néanmoins beaucoup changé et sont appelées à continuer d’évoluer.

C’est pourquoi il ne faut pas sous-estimer l’importance des campagnes d’information, des programmes de sensibilisation et de formation pour changer ces mentalités et pouvoir offrir des conditions de travail adaptées qui permettront non seulement d’attirer la main-d’œuvre féminine, mais aussi d’en assurer la rétention.

PROCESSUS DE RECRUTEMENT, D’INTÉGRATION ET DE MAINTIEN EN EMPLOI

En ce qui concerne les processus d’embauche et de sélection, la plupart des répondants affirment qu’il n’y a pas de discrimination et qu’une personne est engagée pour ses compétences indépendamment de son âge, de sa nationalité, de sa religion ou du fait qu’elle soit un homme ou une femme. Si la mixité semble présente dans la plupart des départements, on remarque toutefois que certains postes, notamment en mécanique et aux ventes, recevraient moins de candidatures féminines, ce qui expliquerait que les hommes y soient beaucoup plus présents.

Même si l’équité salariale est souvent mentionnée, certains constatent des inégalités au niveau de la rémunération : les hommes auraient tendance à être mieux payés et à obtenir plus facilement une augmentation. Le fait d’engager un homme pour éviter la conciliation travail-vie personnelle et ainsi s’assurer d’une plus grande disponibilité de la part de l’employé a également été soulevé. De plus, moins de la moitié des répondants, soit 42 % d’entre eux, ignore s’il existe des programmes de sensibilisation afin de préparer le milieu de travail en fonction de la main-d’œuvre féminine.

À cet effet, l’une des pistes de solutions serait l’augmentation du nombre de gestionnaires féminins, ce qui pourrait favoriser l’embauche des femmes et contribuer à l’amélioration de leurs conditions de travail.

ET L’AVANCEMENT DANS TOUT ÇA?

Parmi les personnes sondées, 51 % disent avoir facilement accès à des ressources afin d’obtenir de l’avancement au sein de l’entreprise, par exemple par le biais de programmes de mentorat ou de coaching, ou de formations offertes par différentes organisations comme la CCAQ, la CCAM ou directement des manufacturiers. De plus, 75 % des répondants affirment avoir accès à de la formation continue et à des programmes de développement des compétences.

Bien évidemment, dans l’automobile comme ailleurs, évoluer au sein d’une entreprise signifie bien souvent une augmentation de la charge de travail. Pour les femmes qui doivent jongler entre carrière et obligations familiales, ce changement au niveau des heures travaillées et de l’investissement de soi constitue bien souvent un frein à l’avancement.

D’où l’importance d’adapter les milieux et les conditions de travail en fonction des besoins et des disponibilités de chacun. Si cela peut paraître drastique pour certains, il faut reconnaître que les temps changent et qu’il faut pouvoir s’adapter aux nouvelles réalités du marché. La pénurie de main-d’œuvre est bien présente et c’est en misant sur le recrutement efficace, la rétention du personnel et les possibilités d’avancement au sein de l’entreprise que tous en sortiront gagnants, tant du côté des employeurs que des employés.

DES SOLUTIONS QUI EXISTENT…

Certaines initiatives, comme celle de la Banque Scotia, proposent des solutions concrètes afin créer des opportunités réelles pour les femmes. Leur programme, qui vise à prioriser l’avancement des femmes dans des postes clés au cœur de plusieurs industries, dont le secteur automobile, a comme mission de les aider à propulser leur entreprise vers de nouveaux sommets en leur donnant accès à du capital, à du mentorat et à de la formation.

ET D’AUTRES À VENIR!

Bien qu’il soit impossible d’ignorer les progrès considérables accomplis au cours des dernières décennies pour favoriser l’inclusion et encourager la diversité dans les milieux de travail, il faut rester conscient du chemin qu’il nous reste à parcourir.

Du côté des employeurs, cela signifie concrètement de :

  • Développer une culture d’entreprise plus inclusive afin de promouvoir l’équité et de mettre un frein aux stéréotypes et aux préjugés ;
  • Pouvoir présenter les avantages apportés par la mixité dans les équipes de travail et d’instaurer des stratégies efficaces pour favoriser l’adaptation à tous les niveaux de l’entreprise ;
  • Continuer d’offrir des programmes d’attraction, d’intégration et de développement ;
  • Améliorer les conditions de travail et de mettre en place des mesures de conciliation travail-vie personnelle plus avantageuses pour les femmes.

De son côté, l’industrie doit faire la promotion des métiers de l’automobile de façon plus représentative afin de sensibiliser le public et d’attirer la relève féminine. Aussi, nous devons être en mesure de demander l’appui des gouvernements en ce qui concerne les programmes de formation, les mesures incitatives et les campagnes de communication visant à attirer et à recruter les femmes. Parce qu’elles représentent un atout majeur dans l’industrie automobile.  Et c’est en offrant des conditions et un milieu de travail adapté, qui prône l’équité et le respect que nous pourrons bénéficier de tout ce qu’elles ont à apporter et que nous contribuerons ensemble, tout simplement, à faire avancer le Québec.

LES RÉSULTATS EN CHIFFRES

Pour obtenir une vue d’ensemble des statistiques récoltées grâce au sondage, vous n’avez qu’à cliquer ici.